mercredi 1 juillet 2020

Notre Ramadân en famille (édition 2020) - Des activités pour les enfants



Dans ce nouvel article, je partage avec vous la façon dont nous avons vécu ce Ramadân 2020. J'évoquerai aussi les Ramadân passés, et peut être qu'il servira d'aide pour les Ramadân à venir. 


Comme chacun le sait, le Ramadân de cette année n'a pas pu se vivre comme les années précédentes. Généralement, le rythme quotidien de notre famille change sensiblement pendant le Ramadân. 

Nous sortons le matin en forêt, avec les enfants, puis au retour, les enfants mangent, je pars me reposer un peu. Lorsque le papa est présent, il prend la relève. L’après midi nous faisons une activité, puis vient la préparation du dîner. Les enfants nous voient lire le Qur’ân et prier. La dynamique de la maison est bien ralentie et tournée vers l’intériorité.






Le Ramadân 2020 a été marqué et vécu sous le confinement imposé en raison du Covid-19.  Impossible de sortir en forêt. Nous sommes des citadins et les rues de la ville ne se prêtent pas vraiment aux jeux des enfants. 
Nous ne nous sommes pas abattus pour autant, il faut savoir saisir les occasions que la Vie nous lance ! Et sans rentrer dans les détails, j'avoue avoir apprécié ce Ramadân !

Je marque une pause ici pour préciser quelques points : 

Si l'article suivant vous semble trop religieux, effectivement, le thème porte sur le Ramadân qui est avant tout une période de recueillement spirituel. Il est cependant tout à fait possible d'aborder le Ramadân avec des enfants en rempruntant d'autres orientations. Ce qui peut sembler spirituel à certains, peut très bien être perçu comme un apport culturel par d'autres. La cuisine, les chants traditionnels, la décoration ... peuvent appartenir à ces deux registres. 

L'oeuvre que j'ai utilisé, le Cantique des oiseaux de Farid Ud-Din 'Attâr peut être pris comme un support dans le cadre d'un cheminement spirituel. Mais il peut également être vu comme un chef-d'oeuvre de la culture persane et musulmane qu'il convient de transmettre à ses enfants. Il en va de même lorsque j'aborde avec mes enfants des histoires de Saints chrétiens. Nous les abordons sans complexe dans une approche culturelle et historique. 
J'espère pouvoir revenir prochainement sur ce sujet à travers un article qui présenterait notre rapport au cycle des saisons et les différentes fêtes. 



Avant le Ramadân


Avant le Ramadân, la maison se prépare doucement. On termine nos leçons puisque nous sommes en Instruction en Famille (je dois admettre que cette année, nous n’avions pas terminé mais mis en suspens nos blocs de travail). 

Nous avons ensuite décoré la maison comme il se doit pour accueillir le Ramadân. "Marhaban Ya Shahr Ramadân" (Une très belle chanson, je tenterai de vous mettre la vidéo sur la page FB)

Nous avions réalisé, il y a quelques années de ça maintenant, une guirlande avec 30 lunes pour marquer le cycle de la lune sur un mois. 



Chaque jour, l’enfant déplace la pince. Et lors de la nouvelle lune, nous faisons notre cercle au couché du soleil pour l’accueillir en récitant une prière (do’a), nous souhaitant ainsi le meilleur pour ce nouveau mois.








Nous avons réalisé cette année une nouvelle guirlande faite d’œufs décorés pour reprendre la thématique du printemps et celle du Cantique des oiseaux dont je reparlerai un peu plus loin. Nous l'avons installée sur le mur de la chambre des filles. S. 7 ans a ensuite écrit les cartes avec les numéros des jours, à l'aide de son Qalam


Les enfants ont également réalisé, toujours au calame, une calligraphie arabe, que nous avons ensuite collée au mur avec la guirlande : Ramadân Karîm ! Cela s'est fait en famille, en général, les papas aiment bien l'activité "Qalam" !






Le Ramadan 2020 étant printanier, nous avions donc déjà réalisé quelques jours auparavant, des mobiles avec des oiseaux. Ils étaient accrochés à nos rideaux, de même pour nos lanternes qui sont en réalité… toujours accrochées !

 





Pendant le Ramadân
  

« Iqra’ ! » (Lis !  - ou Récite !)

Les enfants grandissant et s’entraînant les uns les autres, de jeunes jeûneuses nous ont rejoint cette année. L’envie de partager le repas avec les parents le soir fut leur motivation principale. Chacune a fait ce qu’elle a pu et voulu bien sûr !


Pendant le Ramadân, il est de coutume de lire le Qur’ân en entier. 

C’est un programme en soi, pour les adultes. 
Pour les enfants, je souhaitais trouver également un programme pour partager cette dynamique croissante de la lecture, et le grand plaisir qu'on ressent à la fin de la lecture d'un  ouvrage. 

Chacun sait qu’à la fin d’un livre, qui nous a particulièrement touché, plusieurs sentiments se mélangent : la joie d’aboutir à la fin, la tristesse de quitter des personnages, l’envie de les retrouver, et j’en passe.

Je sais qu’il est habituel de partager avec les enfants des histoires de prophètes, ou encore la vie de Muhammad (sws) pendant le Ramadân. Comme ces récits nous accompagnent déjà régulièrement tout au long de l’année à travers la roue des festivités, je ne souhaite pas consacrer le Ramadân à la lecture de ces récits.

Quelques photos de nos célébrations de 'Ashura (la sortie d'Egypte et l'Arche de Noé qui arrive sur le mont Judi) :

 





 Photos du nouvel an marquant l'Hégire : 





Ou encore les célébrations de Rajab qui nous fait revoir un certain nombre de prophètes : 



Pour les enfants de moins de 7 ans et je dirai même jusqu’à 9 ans, les fêtes offrent, selon moi, le cadre pour construire et partager avec les enfants les émotions, les sentiments qui nous animent vis-à-vis de l’histoire des prophètes. Je n’en dis pas plus pour le moment.




Dans le soufisme, il existe des œuvres monumentales destinées à accompagner le lecteur dans un processus de cheminement, d’éveil spirituel. J’ai pu découvrir grâce au travail d’Elizabeth Bootman qu’il était possible d’adapter ces œuvres pour les enfants.


Nous avions déjà utilisé le Kalila wa Dimna de Ibn al-Muqaffa, ou encore le Livre des animaux d’al-Jâhiz. J’ai sélectionné d’autres œuvres pour le futur programme d’histoire et de géographie. 



Mais n’étant pas ancrée dans une tradition soufie, je n’avais pas saisi jusque là disons le, la richesse des œuvres soufies comme le Cantique des oiseaux de Farîd ud-dîn Attâr ou bien encore le Mathnawî de Rûmî. 

A présent, il m’apparaît comme une évidence qu’il est tout à fait possible de les adapter pour les enfants, surtout quand ils baignent déjà dans une ambiance où contes, fables, et récits légendaires font partie du quotidien.  
Quand on fait le choix d’éduquer et d’instruire ses enfants dans une approche vivante, les œuvres soufies apparaissent dès lors comme une ressource non négligeable.


Une remarque : je n'appartiens pas à une confrérie soufie. Le soufisme est une discipline qui se partage, s'enseigne, elle n'est pas réservée à un groupe d'initiés. Je n'ai donc pas à rougir d'utiliser des sources soufies!


Pour mon aînée de 9 ans

image extraite du blog de E. Bootman

C'est pour le Ramadân 2019, que nous avons décidé de suivre la Huppe du Roi Salomon (s) tout au long de son périple avec les oiseaux. 

Cela s’est fait au travers du Cantique des oiseaux de Farîd ud-Dîn Attâr, avec l’adaptation en anglais de Elizabeth Bootman. 

J'ai opté pour la version ebook puisque ce support m'est destiné. Je conte ensuite à ma fille.

marionnettes en papier réalisé par E. Bootman



J’ai assez vite souhaité ajouter des éléments à l’adaptation. J’ai utilisé en partie la traduction de Henri Gougaud. 


Mais elle a fini par montrer ses limites et je me suis donc orientée vers la merveilleuse traduction de Leili Anvar, la version annotée et illustrée. 

Elle est complète et nous sommes mis en confiance dès l’introduction par la traductrice qui a elle-même grandit avec cette œuvre. 

C'est celle-ci qui nous aura donc  accompagné pour le Ramadân 2020, toujours avec le ebook de E. Bootman. Les illustrations sont aussi l'occasion d'éveiller l'enfant à l'art islamique. 






"[...] Mais je ne sais plus depuis combien de temps ce poème m'accompagne. Cela remonte à l'enfance. Qui m'a, pour la première fois, raconté cette histoire inscrite dans la conscience de tous les Persans ? Mon père, qui m'a nourrie du lait de la poésie persane, qui m'a donné le goût de cette langue, l'amour de cette littérature ? Ma mère, qui me prêta son édition du Manteq tout annotée depuis ses études orientalistes lorsqu'elle plongea avec passion dans cette littérature devenue familière, toute étrangère qu'elle était ? Je ne sais plus. Mais je sais que certaines œuvres ne vous quittent jamais, parce que ce sont à la fois des chefs-d'oeuvre poétiques et des chemins de guidance. 'Attâr avait parfaitement conscience d'avoir composé une telle oeuvre puisqu'il écrit dans son épilogue :

"De l'océan du Vrai, je fais jaillir les perles, Le verbe en moi s'achève et en voilà la preuve !" (distique 4510)

Et il prévient :"Mon oeuvre porte en elle une vertu étrange. C'est que plus tu la lis, plus elle est généreuse. Plus tu pourras la lire, sans cesse y revenir.  Et plus à chaque fois tu goûteras ses mérites" (distiques 4506 et 4507)

Extrait du Cantique des Oiseaux, traduit par Leili Anvar, Diane de Selliers Editeur, 2016 p. 27.

La lecture s’est faite essentiellement pour ma grande, les petites étaient libres de venir écouter et de repartir. J’adaptais donc entre le ebook et la lecture d’extraits de la traduction de L. Anvar.

Je peux comprendre que certaines personnes se sentent mal à l’aise avec certains passages de la traduction. 

Pour ma part, je n’ai pas hésité à mettre de côté ce qui ne me semblait pas adapté à l’âge de mon enfant.



L’adaptation de E. Bootman offre, pour chacun des jours du Ramadân, l’histoire d’un oiseau qui s’interroge sur le voyage qu’il est invité à entreprendre avec la Huppe afin de rencontrer le roi Simorgh. 

L’enfant peut répondre lui-même aux  interrogations de l’oiseau, puis il réalise un dessin de celui-ci pour le coller sur une roue représentant le cycle de la lune durant le mois du Ramadân. 

Je vous invite à aller visiter son blog, ainsi que ses pages facebook et instagram  @Muslimfamilytraditions.


Je ne posais pas les questions à ma grande, je la laissais elle-même exprimer ses remarques. Puis elle en faisait un dessin. 





   







 Nous avons également réalisé de nouvelles bougies pour l'année à venir, en les décorant avec de la cire stockmar. 

Nous nous sommes inspirées de la fable des trois papillons présente dans le Cantique mais aussi chez Rûmî. Le thème du papillon est aussi intéressant pour cette période du Ramadân et du printemps. 


 


Les bougies font débat. Pour ma part, celui-ci est clôt depuis longtemps. 

Les bougies nous permettent de nous rassembler autour de leur lumière, avec la pénombre qui nous entoure. 

Les enfants dirigent alors leur attention sur notre cercle et son centre, attendant aussi patiemment le moment tant attendu de souffler dessus !







Chaque jour son oiseau, un médaillon est collé sur notre guirlande lune et le dessin de ma grande est collé sur le mur de la chambre avec la guirlande des œufs.







Pour les plus jeunes

Les plus jeunes ont aussi droit à leur Ramadân, et j'estime qu'il ne doit pas se résumer à une fenêtre de calendrier qu'il suffit d'ouvrir, ni à un sac qui contient un cadeau. 

 




Je suis assez opposée à une démarche qui réduit la participation de l’enfant au fait de recevoir, de jeune consommateur. Bien au contraire, j’aime voir les enfants construire, participer, j’aime les voir actifs et acteurs. C’est aussi une double dynamique, éventuellement en miroir, qui s’installe avec l’adulte. Il y a les temps durant lesquels l’enfant accueille, il reçoit, il intériorise et ensuite ressort, il s’active et donne.



Nous avons donc fait pas mal de cuisine ensemble, préparer le repas, les boules de dattes pour la libération du jeûne, puis les gâteaux à l’approche de l’Aïd. 

Ce qui constitue déjà en réalité notre quotidien hors période de Ramadân.



Elles aussi ont eu droit à leur programme de lecture. Si vous êtes lectrices/lecteurs de mon blog, vous savez donc que je m’appuie sur la méthode waldorf-Steiner pour élaborer notre programme d’instruction en famille. Nous sommes familiers des contes mettant en scène ce qu'on appelle dans la littérature : le petit peuple (gnômes, lutins etc.).

Je ne souhaite pas déterminer un programme type de lecture, je trouve qu’il est bon  que chacun  l’adapte à ce qu’il vit pendant le Ramadân. La situation de chaque famille est très différente.


 Le merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerlöf peut être une lecture offerte pendant le Ramadân.


C’est l’histoire d’un petit garçon à qui il arrive une extraordinaire aventure qui va le transformer pour le reste de sa vie. 

Un thème qui semble approprié au Ramadân. 

Lui aussi oscille entre le ciel et la terre, et accède à certains secrets merveilleux. 

Ce livre a rencontré un énorme succès chez nous. Et pour cause, nous sommes entourées d’oies sauvages et parmi elles, une oie blanche ! 

Nous n’avons pas encore rencontré Nils ! Mais mes deux grandes filles ont chacune leur joli bonnet rouge !





Pour les abonnés à la revue Fanette et Filipin, des éditions la Belle Emeraude, les contes du printemps sont aussi très intéressants pour la dynamique du Ramadân vécu durant la période printanière.


Quoiqu’il en soit, selon moi, choisir des contes à lire pour ses enfants pendant le Ramadân demande à l’adulte de s’interroger lui-même sur ce qu’il vit pendant le Ramadân. Je vous renvoie vers mon autre article sur le Ramadân 2020 destiné à l'enrichissement de l'adulte.

Pour ma part, je distingue trois phases : l’avant, pendant et l’après Ramadân. Chacune d’elles a sa propre dynamique.

L’avant Ramadân : on sent monter, approcher une certaine effervescence
Pendant Rajab, nous avions un mouvement ascendant (l’ascension) puis descendant (le don de la prière et le retour de Muhammad -sws).

Avant le Ramadân on se prépare, intérieurement, mais aussi extérieurement, on prépare la maison, l’organisation change.

  • Le conte du Petit Pinson fait son nid (Fanette et Filipin n°16).  Je pourrai détailler pour chaque conte, je le ferai peut-être pour le prochain Ramadân.
  • L’hirondelle qui fit le printemps (Fanette et Filipin n°16).
  • Conte des quatre petits lutins (Fanette et Filipin n°24).


Pendant le Ramadân : Le mouvement en question est à la fois ascendant par la prière et descendant (dernier tiers de la nuit). Le mouvement est intérieur : le retrait dans la grotte, et à la fin du Ramadân le mouvement ira vers l’extérieur.

  • Le conte Qui a volé le soleil (Fanette et Filipin n°28).
  • Conte de l’edelweiss (Fanette et filipin n°12).
  • Conte Une courageuse Eterle (Fanette et Filipin n°20) : Ce conte me fait beaucoup penser à mes grandes, qui ont jeûné avec nous durant ce mois.

Fin du Ramadân : on voit partir le Ramadân, mais celui-ci est généreux (karîm) et il laisse en nous quelque chose. 

  • Le conte du Joli petit cerisier (Fanette et Filipin n°4).

Nous avons également relu les contes du merveilleux recueil de Nacer Khemir, Le livre des djinns, ainsi que d’autres contes appartenant à la culture musulmane. 



Et si vous êtes gêné(e)s par la lecture de contes mêlant le monde invisible (lutin et djinns) à celui des hommes, il me reste encore en tête un autre livre qui se prêterait bien au Ramadân printanier. 

Il s’agit du livre Contes de la méditerranée de Djihad Darwiche. 

Là encore vous suivrez les aventures d’un jeune homme qui souhaite épouser sa bien-aimée. Il parcourt tout le tour de la méditerranée, se décourage avant de retrouver l’espoir. 



Quand nous sommes arrivées au terme de la lecture du Cantique des oiseaux, nous avons attendu d'avoir réalisé les six jours de jeûne de Shawwâl avant de décrocher notre guirlande des lunes sur lesquelles les médaillons des oiseaux étaient accrochés. 

Voici à quoi ressemblait le mur de la chambre à la fin du Ramadân :


Dans le Cantique, les oiseaux doivent encore traverser les sept vallées avant d'arriver enfin au lieu de la rencontre avec leur roi.

Vous allez me dire qu'il n'y a que 6 couleurs, il en manque une pour la 7e vallée... C'est pourquoi nous avons détaché la guirlande, afin de former un cercle et faire apparaître la 7e entre le rouge et le bleu superposés. 






Et voilà la mise en scène de l'arrivée des oiseaux après la traversée des sept vallées. 
Les oiseaux sont alors en cercle et attendent : 

 




 

Puis ils disparaissent avec leur roi : 


Effet garanti auprès des miss. 

Nous avons échangé sur la parole de Muhammad - sws, disant que celui qui jeûne le Ramadân ainsi que six jours durant le mois de Shawwâl se verra récompensé comme s'il avait jeûné une année entière. 

J'explique le calcul de la moyenne dans mon autre article sur le Ramadan 2020 - pour l'adulte. Comme nous avions un bloc de mesures en suspens, cette notion était parfaite pour reprendre le travail. 

Dessins de forme


Nous avons réalisé des dessins de forme par petites cessions. 
Là aussi certains dessins et la dynamique qui les accompagne, se retrouvent très bien dans cette période du Ramadân. 

Il est possible et facile de faire ces dessins une fois par semaine. Nous avons peut-être réalisé une bonne vingtaine de dessins de forme. 
Remarque : le dessin n'est qu'une étape de l'exercice, nous avons également effectué des gestes, des mouvements. 








    






  






 
  



  





















Peintures Aquarelles


Vers la fin du Ramadân nous avons réalisé plusieurs aquarelles, là aussi toujours selon la méthode Waldorf-Steiner. Couleur et mouvement ont été nos outils pour renvoyer les émotions vécues pendant le Ramadan.








Les Sept vallées - Réalisation de la couverture de notre livret Ramadan 2020
E. 5 ans a aussi joué avec le rouge et le jaune pendant ce mois de Ramadan :




Voici les deux peintures qui serviront pour réaliser une couverture et un calendrier. 
Les deux fonctionnent en miroir. L'une comme l'autre représente les douze mois mais de deux roues différentes. 
Pour la roue des mois lunaires j'ai opté pour un mouvement qui va dans le sens anti-horaire comme les mouvements autour de la Ka'aba. Je précise qu'avant le Ramadân, nous avions mis en suspens le bloc sur les mesures, parmi celles-ci celle du temps (Steiner-Waldorf grade 3).









Pour terminer, nous avons rassemblé tous les dessins de forme, et sur le dos des feuilles, J. 9 ans a collé ses dessins d'oiseaux. 

Deux aquarelles ont ensuite servi pour faire les couvertures.

S. 7 ans a également réalisé ses aquarelles, qui rejoindront son cahier à la fin de l'année. Nous avons travaillé le rouge principalement et sa relation avec les autres couleurs. 

S. et E. 5 ans ont toutes les deux rassemblé leurs dessins du Ramadan pour avoir leur propre livret du Ramadan 2020. 

Simorgh vu par J. 9 ans.










Je m’arrête ici pour évoquer le livre de Demi -inspiré de l’œuvre d’ al-Ghazali- Painting Heaven, Polishing the mirror of the heart

Ce livre est très beau, et l’histoire est accessible, même pour les jeunes enfants de six, sept ans. Il se peut qu’ils ne saisissent pas toute l’histoire. Ce n’est pas bien grave, cela permettra de revenir dessus les années suivantes. Et puis honnêtement, ces relectures seront aussi profitables à l'adulte !

Voici la présentation de l’éditeur : (traduction google)

« Ce conte enchanteur présente aux parents et aux enfants les merveilleux enseignements de l'al-Ghazali bien-aimé du monde (1058-1111CE). Il nous dit que le cœur humain est comme un miroir rouillé qui, lorsqu'il est poli à travers de belles actions, est capable de refléter l'essence réelle de toutes choses qui sont normalement cachées derrière des voiles.L'histoire magnifiquement racontée et illustrée par l'artiste, Demi, et comprend également un poème du célèbre poète Coleman Barks. Les deux s'inspirent du même récit que l'on trouve dans les merveilles du cœur de Ghazali, livre XXI, de son magnum opus, Le renouveau des sciences religieuses. »

Une fois les livrets réalisés et la guirlande défaite, il ne restait plus qu'à ranger les œufs .... Une occasion pour S. 7 ans de compter de 3 en 3, 4 en 4 ... 





La table de saison – Ramadân

Cette année, nous l'avons dit et redit, le Ramadân est printanier. Le défi était donc d’y harmoniser le Ramadân et le  printemps.

Faut-il absolument représenter Mekka sur la table ou tout du moins la Ka'ba ?  
La table permet de reproduire ce qui se passe dans l’environnement de l’enfant. Quant au Ramadân, il peut se vivre différemment selon le lieu, la culture, l'époque… 

Pourquoi ne pas simplement dresser une table printanière avec quelques éléments qui rappelleraient le Ramadân ?

Par exemple, je tiens particulièrement à poser la grotte, et y placer le Qur’ân à l’intérieur à l’arrivée des dix dernières nuits. J’ai pu placer dans le passé, un chemin dont chaque jour est marqué d’une pierre, simple au début, et brillante à la fin.

Ramadan 2018 (peut être ?) 





Photos du Ramadan 2019 :






Photos Ramadân 2020 :

Nous avons conservé sur la table l'arbre supportant les sept cieux pour symboliser la descente de Dieu vers le ciel le plus bas. Voir l'article sur Rajab et le Voyage Nocturne.
Sur notre table beaucoup de choses, mais les filles aiment apporter leur petite touche personnelle !




  




Les recettes et Autres réalisations


Il y a en réalité plein d’autres choses à réaliser avec les enfants en cette période. Des contes sur table, des dessins animés, du tissage, etc. L'an dernier nous avions confectionné les petits sacs qui allaient contenir pour l'aïd les petits bonbons (amandes, noisettes, sucettes miel ...). 









Ramadân 2018 :













Il y a bien une chose qui marque particulièrement le Ramadân et qui dépasse la communauté musulmane. Vous l'aurez compris !?

Le Ramadân est un mois de générosité, on partage les repas. Bien souvent à la fin du Ramadân, tout le monde reçoit sa petite assiette ou sa boite de petits gâteaux de l’aïd. 

Et si le confinement aura eu raison de la prière à la mosquée, pendant le Ramadân ou à l’Aïd, s’il a empêché les repas entre amis, ou avec la famille élargie… il n’aura pas été plus fort que la petite assiette de gâteaux !


La préparation  de recette est un merveilleux moment pour transmettre indirectement bien des choses aux enfants. L
a réalisation de petits gâteaux devient donc un moment privilégié avec les enfants surtout quand ils les préparent pour les partager avec ceux qu'ils aiment. 

On mélange, on broie des noix, la cuisson… une touche de miel … de confiture, de sucre… Je n’en dis pas plus ...

Chez nous quelques recettes ont connu un immense secret :

-      Les boules de datte que nous mangions au moment de la libération du jeûne ainsi que des petits gâteaux pour l'aïd ! La recette des boules de datte nous vient de la page facebook de La Maison de l'Amitié Floraison de Rouen. 


       


Les roulés à la confiture et au chocolat !


Et puis des assiettes de petits gâteaux ont réussi à passer au travers du confinement allégé ...


 

-          

La fête de l'Aïd 

Je n'ai pas parlé du jour de l'Aïd. C'est surement parce qu'il s'agit du seul point noir au tableau. 

Habituellement, nous sommes en famille, chez la Grand-mère paternelle, si possible. On part à la mosquée en famille avec des vêtements neufs pour les enfants, on se met dans l'ambiance. Au retour, on souhaite une bonne fête à tous les amis, voisins, cousins, oncles/tantes en Tunisie etc. On s'offre des gâteaux ... Au retour, on mange des gâteaux avec les copains/copines IEFeurs. 

Cette année, nous sommes restés à la maison, le matin, pour prendre enfin un bon petit déjeuner en famille. Les filles ont revêtu leurs nouveaux vêtements. 
Puis nous avons chaussé nos crampons et nous sommes partis faire une randonnée. Les champs à défaut de la mosquée, mais sans regret finalement ! Nous avons passé une très belle journée !

Pour conclure

J'imagine que certains peuvent penser que je fais compliqué quand finalement on pourrait faire les choses très simplement : lire de belles histoires, préparer de bons petits plats et gâteaux, lire le Qur'ân en famille ... N'est ce pas ce que je fais aussi ? Y a t-il une différence ? 

Je suis reconnaissante d’être ou d’avoir été entourée de personnes d’une incroyable richesse.
Un ami très perspicace (ça lui fera plaisir !) me disait un jour que nous, les jeunes d’ici , nous nous posions bien trop de question, à chercher le pourquoi du comment pour la moindre chose, alors que les générations précédentes vivaient les choses simplement. Je suis en partie d’accord avec lui.

Par exemple, faisant l’instruction en famille, je suis constamment avec mes enfants, nous faisons la cuisine, apprenons le tricot, le tissage, le bricolage, nous n’avons pas de jardin mais sinon s’ajouterait le potager et l’entretien des animaux (poules, lapins…).  

Qu’est ce qui me distingue donc des mamans qui transmettaient (encore mieux) cela à leurs enfants ?  
Certaines d’entre elles ont pu vivre dans un environnement sain et avaient pu développer une richesse intérieure qui a fait d’elles des femmes inspirantes et extraordinaires. 

Qu'en est-il de nous ? Dans notre environnement actuel, essentiellement citadin, orienté et guidé par la consommation ? Alors oui, je suis en recherche… je n’ai pas à en rougir. Je souhaite faire les choses en conscience.

Je suis fascinée par ce que je découvre chaque jour. Je ne m’en rassasie pas. Peut être qu’à un moment j’atteindrai comme ces femmes, cette sensation de plénitude. En attendant, je cherche … avec et pour mes enfants.

Et après ? 
Le Ramadân a commencé alors que nous terminions nos récits légendaires autour d'un grand personnage dans la tradition musulmane : al-Khadir. 

Pour cela, j'ai utilisé un excellent ouvrage dédié à la légende d'al-Khadir. Il s'agit du livre de Max Giraud, L'énigme de Khidr en Islam, des éditions al-Bouraq. On y apprend notamment que sa légende se confond avec celle de St Georges. 

Je relisais donc à mes filles la légende de St Georges en ce début de Ramadân (24 Avril). La fête de ce Saint est célébrée le 23 Avril. 

Et pour marquer la fin du jeûne, après nos six jours supplémentaires, je contais à mes filles l'histoire de la quête d'un roi. Dans ce conte, on peut imaginer un dialogue entre Dhul-Qarnayn et  al-Khadir. 
Leili Anvar revient sur ces deux personnages, et nous livre une riche explication de leur rôle dans la mystique musulmane et plus particulièrement dans sa traduction du Cantique des oiseaux. Cela fera l'objet d'un prochain article, plus court cette fois-ci !






Je termine de rédiger cet article après la St Jean, qui représente pour nous un autre moment marquant dans notre famille, la fête et l'anniversaire de Papi Jean ! Nous voici donc toujours en mouvement pour poursuivre la roue des saisons et des festivités ... 

Une fois de plus, la boucle est bouclée et j'espère revenir parler du jeûne en reprenant mon article sur Maryam, et Issa / Jésus (paix sur eux). 

Je laisse maintenant cette série d'articles sur le Ramadân reposer dans l'oubli jusqu'au prochain printemps de la roue des festivités musulmanes - Rabi' al-Awwal - pour préparer  la suite ... semer en Rajab, arroser en Sha'ban .... récolter en Ramadân ... 

Nous avons terminé notre bloc des mesures avec ma fille en grade 3, nous allons doucement nous diriger vers Dhûl-Hijja avec un bloc .... sur l'habitat ! Bien sûr ! 
Quant à ma seconde, nous reprenons le chemin du château des lettres ... 
Et la petite dernière ... continue sa petite vie au grè du vent et des saisons ! 






Sagesse d’Ibn ‘Atâ’i-Llâh :
« Enterre ta présence dans la terre de l’oubli : ce qui germe sans avoir été enterré ne peut compléter sa croissance »







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