jeudi 9 avril 2020

Rajab - Sha'bân - Ramadân !


Salâm - Paix sur chacun de vous ... 

Je trouve enfin un peu de temps pour écrire sur le blog (il est 2h du matin...).
Nous voici donc confinés depuis un peu plus de trois semaines. Et voilà bien quatre semaines que notre rythme a été quelque peu chamboulé.
Les périodes de « chamboulement » offrent une occasion de tester notre organisation et de voir ce qui est solide et bien installé dans nos routines.

Aujourd’hui nous sommes au milieu du mois de Sha’abân, une demie lune nous sépare de Ramadân. 

Rajab, Sha’bân et enfin Ramadân, trois lunes successives qui représentent une période particulière dans le calendrier islamique.  J’ai à cœur de transmettre à mes enfants ce lien avec le calendrier lunaire. J’ai choisi de le faire à travers la célébration de fêtes, de temps fort mis en scène de façon à préserver leur regard et leur cœur de l’enfant. Une approche vivante qui inscrira en eux, je l’espère, des émotions, des sentiments, des souvenirs qui grandiront avec eux et s’enrichiront au fil des ans. Je les implique à travers des activités, des mises en scène pour que leur volonté s’imprègne tout autant de cette atmosphère et qu’elle évolue et se traduise petit à petit, après 8-9 ans par des pratiques qui seront pleine de sens, je l’espère, pour chacun de mes enfants.




En Rajab, nous semons …
C’est le mois du voyage nocturne !


Pour mes jeunes enfants, nous lisons le merveilleux, le sublime, le doux conte de Yacoub Roty (paix à son âme), Le cheval Céleste, des éditions Maison d’Ennour. Je vous renvoie à l’article sur le voyage nocturne 2019.




Nous avons également entamé la lecture du livre de Jamel Eddin Bencheikh, Le voyage nocturne de Mahomet, 1988, Collection Orientale de l’Imprimerie Nationale, 301p.



Le récit du voyage nocturne mets du merveilleux dans les yeux de ceux qui le lisent ou l’écoutent. La version de Jamel Eddin Bencheikh est magnifiquement bien écrite, (contrairement au titre qui est peut être un choix de l’éditeur, l’auteur mentionne bien le Prophète par son prénom Muhammad - s). Il s’agit d’une lecture offerte pour ma grande, les petites viennent parfois écouter quelques passages et repartent jouer. L'an dernier j'ai écrit un petit résumé adapté à leur âge mais je n'ai pas réussi à remettre la main dessus, et j'avoue que je n'ai pas trouvé la force de le refaire.

Je leur raconte néanmoins de petites histoires qui reviendront en mémoire plus tard quand viendra pour elles, le temps d’écouter aussi la lecture de ce récit. Un exemple : dans la tradition musulmane, le coq bénéficie d’un grand respect. Pour mes plus jeunes je raconte donc l’histoire d’un jeune coq qui sent en lui, pour la première fois, l’appel - du ciel. Il lance alors son premier cri destiné à réveiller les humains et les animaux. Cette histoire fait donc écho au récit du voyage nocturne, durant lequel Muhammad (s) rencontre le grand coq qui donne le signal aux coqs de la terre.

« Après cela, je m’avançais et vis un coq qui était proche de notre Seigneur. Il était si grand qu’il tenait sa tête et sa crête au ciel où se trouvent Dieu et son Trône, tandis que ses pattes reposaient au plus profond de la septième terre dont je vous parlerai plus tard. Il avait une très longue aigrette qui descendait très bas et des ailes multicolores aux nuances les plus belles qu’on ait jamais vues.
Et que vous dirai-je de sa forme ? Dieu le fit comme il Lui plut de le faire. Ce coq a des ailes si grandes qu’en les ouvrant, il couvre tous les cieux et les terres d’orient en occident. Ses grandes plumes de dessus, ornées de topaze, de perles et de rubis, sont si blanches que nul ne pourrait en décrire la blancheur. Le duvet de dessous est d’un vert éclatant. Ce coq est un des anges de Dieu. Il ne sait cependant pas où Dieu se trouve, mais fait en sorte de toujours le louer et ne cesse de répéter : « Béni sois-tu, Seigneur, où que tu sois ». Dieu lui indique toutes les heures où il faut se mettre en prière. Lorsque vient le moment de faire ses oraisons, une voix vient du ciel qui dit : « Créature obéissante à Dieu, je t’ordonne de louer le Seigneur. » Alors l’ange-coq lance à haute voix : « Béni soit Dieu, le souverain très saint des anges, des âmes et de toutes les créatures. Il n’y a de divinité que Lui ». A ces mots, tous les coqs de la terre allongent le cou, battent des ailes et lui répondent en chantant. Ils louent Dieu et disent : « Hommes qui êtes obéissants au Seigneur, levez-vous et priez-le, car Il est puissant sur toute chose qu’Il façonna et créa ». (p. 85-87).



Cette année, nous avons été endeuillés par la perte d’un grand oncle, en Tunisie. Les enfants ont donc vu leur quotidien bousculé par cet événement pendant quelques jours. Le papa est parti en Tunisie pour l’enterrement, et nous sommes restées aider notre grand-mère paternelle qui devait également partir en Tunisie. Nous n’avons jamais éprouvé de difficulté à parler de la mort avec les enfants. Nous parlons régulièrement de nos défunts. Les filles ont déjà eu la perte de deux proches : leur grand-père paternel et leur arrière grand-mère maternelle.  Notre couple étant mixte, elles ont pu voir des traditions différentes dans les rites et le rapport à la mort. Elles n’ont certes aucun souvenir de la mort de leur grand-père, elles étaient trop jeunes, mais nous ne manquons pas de le visiter à chaque voyage en Tunisie, et nous évoquons son souvenir quasi quotidiennement. Quoiqu’il en soit, le soir même de l’enterrement de notre Grand-oncle, nous lisions le passage du récit du voyage nocturne dans lequel Muhammad (s) voit l’arbre qui porte la feuille de vie de chacun des êtres humains.

« Sur chaque feuille de cet arbre que tu vois à ma gauche est inscrit le nom d’un être humain, homme ou femme. Lorsque cet être arrive au terme de sa vie, la feuille qui porte son nom jaunit et tombe. Son nom, inscrit aussi sur la grande table, noircit. Je sais alors qu’il se meurt. Je lui lance un regard qui fait trembler tout son corps et brise son cœur de terreur. Il se couche et je lui envoie mes anges pour extraire son âme. » ‘Izrâ’îl, l’ange de la mort expliquant à Muhammad son rôle (p. 31)



Musulmans et contes de tradition païenne et chrétienne

Je m’arrête ici pour expliquer brièvement pourquoi je lis à mes enfants des contes pouvant appartenir à  d’autres traditions, païennes ou bien encore chrétiennes. J’en profiterai pour remercier Monique du site chant des fées, qui m’a ouvert les portes sur ces traditions et m’a permis d’accueillir ces contes. Je ne rentrerai pas non plus dans les détails à travers cet article, mais comme on m'a demandé à plusieurs reprises de m'exprimer à ce sujet, je vais le faire ici brièvement. 

J’ai pu comprendre au fil des années (et de mes lectures, je pense notamment au travail de Mohammad Taleb) qu’il était possible de faire des liens entre ces contes anciens et des points de la tradition musulmane. Il en est de même pour les contes des frères Grimm, ou encore les contes illustrés dans le magazine Fanette et Filipin par ex, ou encore Graindor pour ne citer qu’eux.  
Je donnerai un exemple : dans un numéro d’Automne de Fanette et Filipin, un enfant attache les feuilles aux arbres pour qu’elles ne puissent tomber – signalant l’approche du décès de sa grand-mère malade. Ce conte fait écho au récit de cet arbre du paradis dont les feuilles portent les noms des êtres humains et qui une fois tombées, donnent le signal à l’ange de la mort pour se saisir de l’âme du défunt. Je ne souhaite pas lire à mes plus jeunes un récit tel quel bien évidemment. Mais un conte  comme celui de Fanette et Filipin nourrit le jeune enfant. Par la suite, le récit du voyage nocturne s’inscrira dans la continuité et apportera une profondeur supplémentaire, notamment autour des 9 ans quand l’enfant commence à se poser davantage de question.

En adaptant à l’âge des enfants, en l’occurrence pour mes plus jeunes, ces contes apportent les images qui grandiront avec la suite. L’enfant du conte (dans Fanette et Filipin) qui attache les feuilles pour sa grand-mère, c’est aussi l’idée que les prières – do’as- ont un rôle à jouer, que l’enfant n’est pas impuissant mais qu’il a une force en lui, qu’il peut exprimer pour ses proches, ceux qu’il aime. Ce n’est pas quelque chose que je vais dire à mes jeunes enfants, avec ces mots, mais le conte se charge de transmettre ce sentiment aux enfants.

Lire des contes, n’est-ce pas mentir aux enfants ?

Je m’arrête ici pour préciser encore quelque chose sur lequel on m’interroge assez régulièrement. 

Que dire aux enfants quand ils s’interrogent sur la « véracité » du conte ? Les créatures des contes ? N’est ce pas mentir aux enfants ? 

J’ai toujours lu des contes à mes enfants. Mais à partir du moment où, en tant qu’adulte, on comprends les images que véhiculent les contes, que celles-ci témoignent d’une vérité exprimée dans un langage compréhensible pour un enfant – et par là, je ne veux absolument pas parler du niveau du langage, non ! - mais plutôt comme je l’illustrais avec le conte des feuilles d’automne et l’arbre du paradis. Alors l’adulte que je suis sait que je parle avec des images, et celles-ci me permettent de "parler" à mon enfant de choses nobles, belles, destinées à le rendre plus fort, à le nourrir intérieurement. Il n’est donc absolument pas question de prendre les enfants pour des êtres immatures avec lesquels il faudrait employer un langage bébé, bien au contraire. On évoque beaucoup les cours de petits philosophes à l'école... les contes sont pourtant là pour inviter l'enfant à des choses très profondes... encore faut-il que l'adulte en ait conscience. 

Par ailleurs, j’explique à mes enfants qu’un monde invisible côtoie le nôtre. Ce qu’on entend par lutin, gnome, fée, … c’est ce que nous appelons djinns. Je prends souvent en exemple le conte des frères Grimm Rose blanche, Rose rouge. Le lutin qu’elles rencontrent dans la forêt, c’est comme le djinn qui pourrait nous faire trébucher sur le sentier.

S’il reste des interrogations, alors j’explique que ce conte est très ancien, des choses présentes dans celui-ci n’existe plus de nos jours, ou bien nous ne le voyons plus (ou ne savons plus voir), mais les anciens ont souhaité nous le transmettre à travers les siècles car cette histoire a des choses à nous transmettre. Généralement l’enfant me dit que le conte lui a donné du courage, ou bien lui a rappelé quelque chose sur le lien entre les hommes et la nature etc.

Et pour en revenir aux contes de tradition païenne, à l’automne, la période durant laquelle les traditions anciennes évoquent les défunts, il est tout à fait possible d’évoquer ainsi notre lien au cycle de la vie avec cette image issue du cycle des saisons, car elle n’est pas étrangère à l’islam.

Les contes liés au solstice ont également une force incroyable qui peut avoir une résonance pour les familles de tradition musulmane, j’en reparlerai je l’espère pour le Ramadân en évoquant le merveilleux cahier HIVER de Monique Tedeschi, de Chant des fées. 



Ostara – fête des Rameaux – Pâques et … al-Khadir


Le récit du voyage nocturne nous a donné l’occasion de réaliser de nouvelles choses comme l’arbre qui portent les sept terres et les sept cieux. L’arbre donne aussi la mesure du coq dont j’ai parlé précédemment, ses pattes reposent au pied de l’arbre, et le sommet de sa tête arrive au plus haut du dernier ciel, sous le trône.




L’image du  coq et  de l’arbre peuvent renvoyer à une autre image, celle de la fête des rameaux (nous sommes d’ailleurs allées jouer avec le vent pour sentir le vent des rameaux dimanche dernier). 








Je vois pourtant dans cette fête l’occasion de raconter la légende d’al-Khadir. Il est également possible d’évoquer avec les enfants les traditions païennes sur ce retour du vert, de la vie tout autour de nous, comment ce phénomène était perçu et vécu par les peuples anciens, comment ils l’appelaient, le fêtaient, car nous aussi, éprouvons finalement une grande joie au retour du printemps (je pense particulièrement à Ostara).

Avec ma grande, qui est en 3e classe selon notre progression (8-9 ans) nous avons entamé le récit de la légende d’al-Khadir depuis déjà quelques jours, nous terminerons certainement lors de la St Georges puisque les deux personnages sont assimilés selon certaines traditions. Nous avons déjà lu et relu les légendes autour de St Georges, lors de notre visite du château de Windsor nous avions déjà évoqué sa légende et le courage qu’il a inspiré pour les chevaliers à travers les siècles et le monde. Mes filles connaissent par cœur le sermon d’allégeance qu’on leur a remis lors d’un atelier sur les chevaliers, au château de notre région et qui mentionne St Georges bien sûr.  C’est cette année que je proposerai à ma grande le lien possible entre ces deux personnages. 
Pour les plus petites, nous ferons germer des lentilles.

Concernant Pâques, je ne m'attarderai pas maintenant. A partir du moment où l'enfant connait des légendes comme celles de St Martin (et la persécution des premiers chrétiens), il est possible de parler du Roi Négus et de l'accueil qu'il fit des musulmans persécutés à la Mekke. 



Fêtes et légendes antéislamiques des pays d’islam

Les traditions anciennes que nous abordons avec les enfants n’ont pas à se limiter à notre zone géographique.
Les populations musulmanes de France sont très diverses. Chacun transporte avec lui un passé familial, des légendes sur leurs origines. Certains disent/pensent avoir des origines andalouses, d’autres remontent aux conquérants arabes, parfois yéménites, certains ont des origines berbères, turques, perses etc.
Notre couple est mixte, j’apporte l’histoire de cette terre à mes enfants, mais je ne les couperais pas non plus de l’autre partie de leurs origines. Je n’éprouverai pas non plus de gêne à raconter des légendes, des récits, des contes de tradition perse. La Perse est très riche de culture, d’histoire, et cela s’inscrit aussi dans l’héritage islamique. Comme un certain chat qui fit le printemps, nos enfants transportent avec eux ces petites graines qu’ils transportent et aident à germer là où ils s’arrêtent…

L’an dernier, durant un bloc de travail sur les légendes, nous avions abordé le personnage de Shahr Banu. L’attachement pour ce personnage - qui s’inscrit dans l’attention que nous portons à la famille de Muhammad (s) - nous a servi de base pour ensuite aborder d’autres aspects de la culture perse. L’équinoxe de printemps correspond à la fête de Nowruz, le nouvel an perse.

Nous avions dressé alors une jolie table. Cette année, compte tenu de la situation de confinement, nous avons mis de côté un certain nombre de projet.  Toutefois, nous avons profité de l’occasion pour refaire en dessin de forme et en aquarelle la lemniscate.
Rien de magique dans tout cela, il suffit de prendre la chaîne de perle de l’année, de la lier aux extrémités, de la retourner en son centre pour faire un huit, et voir que les solstices sont aux extrémités et les équinoxes au centre quand le jour et la nuit sont égaux. Pour comprendre la signification profonde de ces temps, vous trouverez je suis sûre ce qui vous corresponds dans différentes sources (livres, internet - à prendre avec précaution…).

Ainsi, avons nous reproduit la lemniscate à travers différents exercices comme mouvement en rythme (je donne-je reçois), le dessin de forme, ...




... mais aussi en aquarelle. 

Pour celle-ci nous avons pris une feuille en format portrait, nous mettons du bleu sur la feuille, plus fort en haut en évoquant la froide nuit, le bleu s’atténue progressivement. Même chose à partir du sol, la terre refroidie par l’hiver, le bleu s’atténue en remontant. Nous faisons un point central, en jaune, un feu allumé dans la nuit, puis à la verticale en bas, nous faisons remonter le rouge, jusqu’au centre et il poursuit jusqu’en haut comme un « S », puis du haut nous prenons le jaune qui fait le chemin contraire en croisant le rouge au centre. Nous refaisons le chemin avec un rouge puissant qui fait la lemniscate, et la termine en étant plus léger, de même pour le jaune. Ainsi on reproduit l’échange entre ces deux couleurs, le rouge symbolisant le feu, la force, l’énergie, par-dessus lequel il était tradition de sauter. Et le jaune, la pâleur, la maladie, la fatigue dont on se débarrasse.



Cette image illustre tout aussi bien une bonne grippe que traverse l’enfant avec de la fièvre. Une façon d’expliquer aussi que la fièvre est un temps difficile mais nécessaire pour que le corps  guérisse. Nous terminons l’aquarelle en entourant la lemniscate de rouge sur la partie haute, ce qui donne un ciel violet, rouge (l’aube se lève vers un jour nouveau – nowruz) et en bas, nous l’entourons de jaune, ce qui donne au contact du bleu, du vert, (l’herbe pousse, la nature reverdit). 






Nous attendrons encore quelques années avant d’initier la lecture d’auteurs appartenant à la culture perse, comme Le livre des Rois de Ferdowsi.

Récit des prophètes – classe 3

Nous avons profité de ce moment autour de Nowruz pour lire deux extraits d’al-Jâhiz. Cet auteur a été très critique sur le zoroastrisme. Nous n'avons toutefois pas aborder cet aspect là de son œuvre cette année, nous avons plutôt sélectionné ce qui correspondait à notre travail du moment, à savoir le récit des Prophètes, et plus particulièrement Noé – Nûh (s). Al-Jâhiz rapporte une légende populaire sur la création des chats et des porcs sur l’arche de Noé. 



Nous nous sommes aussi attardées quelques jours sur son observation des pigeons.


Nous avons réalisé un petit travail sur les nids, les œufs et les pigeons. Le thème est de saison mais il nous sert aussi de support pour nous préparer au Ramadân durant lequel je lis aux enfants, à ma grande surtout, des passages, des résumés du Cantique des oiseaux, de Farîd od-dîn ‘ Attâr.






Nous avons ressorti nos œufs en laine feutrée de l’an dernier, les filles ont fait la table de saison (le confinement ne nous permet pas d'aller prendre de belles fleurs...) ...





.... réalisé des œufs colorés aux sept couleurs de l’arc en ciel pour représenter les sept cieux reposant sur l’arbre que nous avons planté dans notre photophore du voyage nocturne. Le tronc des sept branches repose ainsi à côté du Rocher (Jérusalem) à partir duquel, l’échelle permis à Muhammad (s) d’accéder aux sept cieux.

Sur chaque œuf, nous avons peint des portes, représentant les portes d’entrée des cieux successifs, auxquelles l’Ange Gabriel ( Jibril –s) et Muhammad (s) ont frappé pour poursuivre leur ascension.





Comme je l’ai mentionné plus haut, cette année, en troisième année (8-9 ans) ma grande étudie l’histoire des prophètes. Le récit de l’ascension rapporte la rencontre de Muhammad (s) avec différents prophètes. Tout cela fait écho à notre programme, et nous réaliserons très certainement en fin d’année un nouvel arbre représentant la généalogie des prophètes. L’an prochain, si nous sommes toujours de ce monde… la lecture du voyage nocturne prendra encore une autre saveur…



Sha’bân on arrose … les maths ! Apprendre du vivant !

Nous avons semé des graines de fleur dans le jardin de Grand-mère (paternelle). Nous avons néanmoins reporté le projet de lancer le potager… Nous allons semer quelques graines à germer que nous arroserons chaque jour. Ce projet coïncidera avec la légende du verdoyant al-Khadir, comme je l’ai dit plus haut.




Nous avons accueilli la nouvelle lune de Sha’bân en famille élargie puisque deux petits cousins nous ont rejoints pour trois semaines de confinement. Nous avons formulé nos vœux pour recevoir en cette lune le meilleur et demander la protection contre le pire de ce qu’elle contient. En cette période de maladie, de confinement, nos pensées ont été vers les malades, et ceux qui luttent contre cette maladie, nous avons prié pour nous-mêmes, mais aussi pour nos proches et les proches de nos proches … ainsi que pour l’ensemble de l’humanité.

En raison de la continuité pédagogique à assurer pour les cousins, nous n’avons pas beaucoup travaillé sur les cahiers. En revanche, nous avons beaucoup manipulé autour des 4 opérations pour la demoiselle en classe 1, les exercices de rythme ont été essentiels pour maintenir certaines notions.


 






Nous avons réalisé de belles aquarelles. Il s’agissait notamment de l’histoire de graines enfouies sous terre, une pointe de lumière au cœur de chacune, puis le soleil lance son appel, les rayons qui trouvent les graines. Celles-ci attirées par lui, se réveillent, se lèvent et progressivement, le mélange du bleu et du jaune fait grandir les jeunes pousses. Les filles ont beaucoup aimé leur peinture. L’an dernier nous l’avions déjà réalisé. Comme chaque année, nous reprenons certains classiques, comme la comptine du petit oignon (graindor et repris par Fanette et Filipin), de même que la chanson de la petite graine (CD des chansons de Popin et à nouveau reprise par Fanette et Filipin). Notre petite cousine qui découvrait ces chansons pour la première fois les a chantonnés en boucle plusieurs jours durant !




Pour la grande en 3e classe, le mois de Rajab était propice au bloc des mesures (poids, distance, temps, monnaie). En effet,  le récit en lui-même bouleverse les notions de temps, de distance, de poids et la richesse des lieux visités ne permet aucune quantification monétaire (la sourate du voyage nocturne elle-même évoque les mesures, il y aurait des choses à dire mais je ferai court). L’ascension, la descente, ces mouvements opérés dans les cœurs, et dans l’esprit nous ont donc suivi indirectement  au moment d’affirmer les apprentissages autour des opérations posées.





De façon plus concrète, nous avons travaillé autour de la légende de Og le Géant qui a accompagné Noé (s) sur l’arche, en se plaçant sur le toit. Comme vous le constatez donc, les légendes et récits juifs font aussi partis des sources que nous utilisons. Ainsi, les animaux ont partagé leur réserve de feuillage pour nourrir Og, les mammifères femelles (chamelle, vache, brebis, chèvre..) ont produit davantage de lait pour le géant, les oiseaux ont donné des plumes pour coudre son coussin, et enfin le serpent a mué pour que sa peau restante serve à confectionner une couverture étanche pour le géant.




Méthode éducative – continuité pédagogique

Nous faisons le choix d’apprentissages vivants. Les mouvements opérés dans la nature, les saisons mais aussi dans le calendrier nous servent ainsi d’appui pour nos apprentissages. Ce n’est pas qu’une méthode, c’est une philosophie, une façon de voir le monde. Je ne m’attarderai pas dessus maintenant. J’espère toute foi qu’à travers ce bref exposé, vous en aurez saisie, ou aperçue l’idée sous-jacente.

Pour moi, l’éducation des enfants est fondamentale. C’est par eux, par les enfants, et non par l’éducation en elle-même, que les choses changeront, que le monde évoluera. Car dans la même logique, c’est en raison d’anciens et d’actuels choix pédagogiques que nous observons aujourd’hui certains dérèglements. La méthode choisie pour les éduquer, pour les accompagner doit être le moins abrasive si je peux prendre cette image. L’enfant porte en lui le germe de son devenir. Nul n’a le droit d’y contrevenir en lui imposant une vision qui ne peut être que « passée » par rapport au devenir de l’enfant.

La continuité pédagogique qui doit être assurée par le duo prof-parent auprès des enfants déscolarisés durant le confinement a été très instructive pour moi puisque nous avons dû assurer celle-ci auprès des neveux de mon mari. J’ai pu constater la violence de l’empreinte, que dis-je, de l’écrasement que l’école a exercé sur les enfants scolarisés. Au-delà du niveau du contenu pédagogique, je m’attarderai sur la forme. Je ne peux que constater que la sècheresse des cours, l’absence de beauté, à des effets sur la qualité de ce qui est transmis, et plus encore, au-delà des effets sur les enfants, j’ai pu ressentir moi-même les effets de ce savoir « mort ».

J’ai été incapable de produire quoique ce soit de beau durant cette période. Aucune motivation pour tricoter, dessiner, … Nous avons tout de même dessiné, ou réalisé des choses, mais j’ai pu ressentir le vide intérieur quand il s’agissait de travailler. C’est donc mes filles qui ont pris le relais, pour transmettre à leur cousine, cette joie d’apprendre dans l’amour du bon et du beau, en alliant la tête, au cœur et aux mains.

Quand il s’agissait de la partie rythmique de notre travail, le mouvement était là, la dynamique, la beauté des gestes etc. Mes enfants ont su transmettre cela à leur cousine qui travaillait avec nous. Nous avons également passé de bon moment lors de notre cercle matinal, avec notre routine bien installée.  Les petits cousins ont très vite assimilé une partie de nos routines, ce qui a survécu avec ce confinement. A partir du moment où nous avons bouclé le programme donné par les enseignants, la vie a repris. Nous avons peint, dessiné, chanté avec une toute autre saveur, un vrai  « feu » de joie !

Dans la pédagogie Waldorf-Steiner qui nous inspire en grande partie, il est fondamental que l’adulte nourrisse son intériorité pour accomplir son rôle envers l’enfant. Ce qui renvoie à mes propos au sujet des images présentes dans les contes. A partir du moment où l’adulte à conscience de celles-ci, qu’il cultive son intériorité à travers différentes voies, la lecture de ces contes, mais aussi les apprentissages ont une saveur particulière, et cela se transmet à l’enfant.

Si j’étais donc pleinement convaincue de l’importance du travail de notre intériorité avant cette histoire de confinement, cette expérience me confirme mon sentiment que nous sommes tous liés, et que la clé, le fruit, se trouve être les enfants. Le moyen de briser ce cercle non vertueux est de se pencher sur la nature humaine, essayer de la comprendre, de la préserver à travers et durant l’enfance, et laisser la nouvelle génération prendre le relais …

Sha’ban, on arrose, … je vous souhaite de prendre soin de votre jardin intérieur.

Ramadân, on récolte ! 

Notre petite chanson du moment : 
Fatma-Zohra Fatma-Zohra
Que fais-tu ce matin ?
Je sème des fleurs, je sèmes des fleurs
Dans mon petit jardin !

Fatma-Zohra Fatma-Zohra
Que fais-tu ce matin ?
J'arrose mes fleurs, j'arrose mes fleurs
Dans mon petit jardin !

Fatma-Zohra Fatma-Zohra
Que fais-tu ce matin ?
Je cueille mes fleurs, je cueille mes fleurs
Dans mon petit jardin !







A vous de faire apparaître l'oiseau sur la branche ... 


Jumuaa Mubarak !